Que signifie la connaissance de soi ?
« Connais-toi toi-même », formule socratique emprunter au fronton du temple de Delphes,
invite les hommes et les femmes à connaître leurs limites pour être responsable de leur vie. Prendre conscience de sa propre mesure pour ne pas se prendre pour un dieu. Rester humble, en étant utile pour être enraciné à la terre (humilité provient du latin humus = terre).
Certains disent que " la conscience est la connaissance plus ou moins claire qu’un sujet possède de ses états, de ses pensées et de lui-même " (Lalande).
Donc pour vivre, respirer, marcher, se nourir, aimer, faire des choix, en conscience, pour être véritablement soi-même, il faut "revenir à la maison", revenir à l'intérieur. Être connecté à soi pour être centrer, en s'écoutant et en s'obervant. Se faisant, en allant au plus profond de soi, on contacte la plus fine particule qui constitue l’univers tout entier, et on se relie à l’Unité.
La connaissance de soi, de ses limites (corporelles ou psychiques), de ses émotions, de ses sentiments, de ses pensées, de ses désirs, de ses besoins… amène à une seule chose : trouver sa véritable place, sa juste place en s'aimant véritablement :
« Le moteur fondamental de cette quête est l’amour, du plan biologique au plan spirituel » (Brigitte Boudon).
Trouver sa place, c’est s’ancrer et s’aligner pour être véritablement soi-même. C’est la réalisation de/du Soi.
Quand on commence le travail on part souvent d’une conscience plus limitée de soi, de la représentation que l'on a de sa propre personne (les étiquettes que sont sa profession, ses activités, son identité...), qui correspond à la Matéria Prima pour les Alchimistes. Pour ces derniers, accomplir le Grand Oeuvre doit passer par 3 étapes :
L’Oeuvre au Noir : la putréfaction, phase de confusion qui correspond à la dissolution de l’égo quand on reconnaît sa part d’ombre.
L’Oeuvre au Blanc : la purification, phase qui représente l’abandon de ses préjugés et croyances attachés à l’égo. C’est le nettoyage.
L’Oeuvre au Rouge : la réalisation, qui est l’intégration de la nouvelle conscience à l’unité.
C’est à ce moment là qu’il faut être vigilant. Ne pas se prendre pour l’incarnation de l’Unité elle-même, qui ferait de nous un gourou ou une mère toute puissante. La seule solution est de faire acte d’humilité. Pour ne plus s’identifier au archétypes de la vieille femme et du vieil homme sages que l’on rencontre sur ce chemin (le Féminin et le Masculin sacrés), mais plutôt pour les intégrer au service de la psyché.
On opère alors ce que Jung appelait, dans le travail psychanalytique, "l’individuation". C’est aussi un "voyage initiatique", ou bien la "métamorphose" de l’âme dans la démarche philosophique.
La métamorphose, la transmutation alchimique procédent alors et tout se met en place. Les rencontres et opportunités arrivent. On s’éloigne des choses ou des personnes qui nous empêchent d’avancer. On devient enfin soi-même au-delà de notre éducation, de nos mémoires et de nos croyances en accèdant à plus de conscience.
Cela amène à être responsable, bienveillant et respectueux, avant tout envers nous-même. Ensuite nous le sommes naturellement avec les autres et le monde qui nous entoure.
Pour se faire, une ferme intention est indispensable car le voyage n’est pas toujours facile, et une attention solide car, nombreuses sont les épreuves sur notre chemin qui peuvent ébranler notre concentration ou notre vigilance.
Enfin on comprend que le travail n’est jamais terminé. La persévérance est une vertu. Les hauts et les bas sont toujours là, comme des vagues sur l’océan, mais le navire est de plus en plus solide. Il faut juste faire de son mieux, dans le respect de soi même, avec les cartes du présent.
Et quand on accède à cette conscience, on se rend compte que nous sommes tous reliés.
Car chaque chose est constitué des mêmes éléments de la matière, et tout est animé par la même énergie que l’on peut nommer amour. Nous sommes tous unis dans un seul organisme, avec une seule et même source, au delà de la lumière et de l’obscurité, qui définissent notre monde de dualité, dans la matière.
« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour réaliser les miracles d’une seule chose. Et de même toutes choses procèdent d’une seule, par la médiation d’une seule. Ainsi toutes choses naquirent de cette chose unique, par adaptation. » (Hermès Trismégiste)
Cette quête nous amène à ce qu’il y a d’universel en nous, qui transcende les époques et les cultures. Ce que nous devons chercher en nous-même, pour relever les défis auxquels est confrontée aujourd’hui, l’humanité toute entière.
Marion Derveaux.
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