Au creux de la vague on ne voit rien
Quand on arrive au sommet, on comprend qu'il n'y a qu'une seule chose : l'océan.
Quand je me sens en creux,
vide,
que je dois continuer,
que la montagne s'impose à moi
et ne me renvoie que mes faiblesses,
la solitude m'étouffe.
Le corps avance décharné
et cherche l'appui qui le nourrira.
La mère assène un coup,
Le père méprise et n'écoute.
Mes pensées s'agitent,
la béance veut m'aspirer.
Le refus se dresse alors en moi,
défendant la vie ancrée dans ma chair.
Mes émotions génèrent des déferlantes,
dans mon corps, dans ma tête,
qui parfois pourraient me terrasser.
Mais j'ai appris à les rencontrer,
elles me divulguent le secret de mes sentiments.
Reconnaître la honte, apprivoiser la peur, accueillir la colère.
Transmutées, elles sauront m'élever.
Mes sens eux, me rattachent à la Terre.
À la vraie mère qui résonne avec celle de l'intérieur.
Ils m'enseignent et m'infusent la beauté du vivant.
J'ai su un jour voir l'Unité.
Je ne peux l'oublier.
Elle est devenue mon inspiration, mon initiatrice.
Pour que jamais plus, je ne sois perdue.
Pour que, mon coeur suspendu, j'éclos au monde.
La longueur du chemin, qui ne cesse de s'étirer,
apporte patience et persévérance à celui qui sait écouter.
Je marche, j'avance et je grimpe.
Je commence à voir les cimes et l'azur.
Je reconnais mieux ma lassitude,
et ce qui m'est nécessaire.
Les contours prennent sens avec le tracé de l'expérience,
comme le fusain imprime son charbon sur le papier.
Les émotions et les ressentis se dessinent enfin.
Enfin la réconciliation est possible.
Pardon, gratitude et compassion en sont les muses primordiales.
Le jour se lève où elle existe avec mon être.
Je deviens mon amie, ma mère et mon père.
La lutte est caduque, plus rien ne sert de tenir et résister.
Pareille aux feuilles de l'automne qui ne s'accrochent plus,
je peux accueillir la douceur, les peines,
ma fragilité et ma vérité.
Ma nature intacte et sauvage jusque là muselée,
me rappelle mon pouvoir.
Éternel, partagé, les lignées sont à mes côtés.
Ainsi, la puissance ne s'ordonne pas.
Elle n'a besoin que de place.
C'est juste habiter mon corps et mon être,
dans tout leur territoire.
Grandir dans mon espace, à l'intérieur.
Petit à petit, ma présence s'affermit,
mon corps se détend et se remplit.
Je ne quitterai plus la joie.
Tempêtes ou nuages, le soleil ne disparaît jamais.
Les blessures se montrent monstrueuses,
alors qu'elles n'ont besoin que d'être pansées.
La culpabilité, traitresse de mon âme,
sait se déguiser en bonté,
mais n'est que cruauté envers moi-même.
Elle ne mérite que l'exil,
et ne masquera plus ma responsabilité.
Celle qui fait de moi une femme libre, créatrice et guérisseuse, dans la communauté des vivants.
NOÏRAM
/ Marion Derveaux.
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